samedi 17 octobre 2020

Tirer le Grelot !


Mais je le sais que je suis bizarre, héhooo, je saiiiis !
J'aime jouer à la poupée tout autant qu'au dressage de pouliche !
Une fois, j'avais tendu un gros fil en coton depuis le bas du pied de la table jusqu'à une applique murale de manière à ce que cette cordelette monte en pente douce comme le câble d'un petit funiculaire. Sur ce fil, j'avais pincé deux petits grelots, comme deux petits mouchards, insolents et moqueurs...

Je vous raconte? Bon, je vous raconte !

Elle me regarde en essayant de comprendre où je veux en venir et n'obtient aucune autre explication qu'un: "Mets-toi sur la pointe des pieds".
Je me baisse : "Plus haut les pointes! ". Elle Obéit.

Je mesure précisément la distance qui va de la moquette jusqu'aux lèvres de son sexe. Je retranche de cette longueur la largeur de trois doigts. Je définis ensuite sur le fil tendu le point dont la hauteur par rapport au sol est égale à la longueur obtenue précédemment et j'y pince un troisième grelot !

J'ai perdu qui là? tout le monde suit? Je sais, c’est très très technique et j'essaye d'être précis. Bon je peux vous le dire maintenant, j'ai une formation d'ingénieur alors j'vais vous faire un tit crobar (même si j'suis pas foutu de crayonner un mouton, je dessine comme une enclume ! faudrait que je demande à Stan ! ).

C'est plus clair?

Ensuite, je place ma pouliche à coté de la table, à califourchon sur le fil. Ses jambes sont légèrement écartées et elle a les mains sur la tête.

Je lui apprends l’enchaînement suivant:  "talons, pointes des pieds (pendant que je décompte 20 jusqu'à zéro) puis talons ! ». Elle l’exécute une première fois à la perfection. Good girl !

« Avance d’un pas, juste un pas, pas plus et sans toucher la corde ! »
La demoiselle glisse doucement d'un pas, en prenant soin de ne pas réveiller les grelots qui sommeillent.
De nouveau, je lui dicte l’enchaînement et ma cravache bat le décompte de ma voix sur le plat de ma main comme la baguette du maestro. "excellent travail !"
« Avance à nouveau ». Elle glisse d'un pas.

Vous voyez l’enchaînement ? limpide, précis et appliqué?
Elle en a fait quatre, chacun suivi d'un pas et c’est là, juste après, que la merveilleuse mécanique que j’avais mise en œuvre s’est enrayée...

Ça commence par un grelot qui soupire, la pouliche qui s’immobilise, ma cravache qui la cingle, avant qu'elle ne recommence depuis le départ, au niveau de la table.
Puis après 3 enchaînements impeccables, un grelot moucharde à nouveau, nouvelle correction pendant que je la sermonne. Nouveau départ !
Elle recommence l'exercice, serre les dents, nouvelle défaillance, elle s’énerve et tape du pied sur le sol de rage.
Son envie de réussir est presque plus forte que mon envie de la voir réussir.

Ma voix se durcit, ses yeux se troublent sous les morsures de ma cravache. Encore le point de départ, encore... encore...

Il y a des jeux où l’on peut s’investir au-delà du raisonnable, comme si on jouait sa valeur d’homme ou de femme sur une épreuve absurde, vécue avec démesure.
C’est tout un petit séisme qui s’est invité en elle ce soir-là, la rendant tellement vulnérable dans son obsession de bien faire. Et elle s'est noyée dans une océan de larmes pour gravir cette ascension. 

Quand elle repris pied après ce petit naufrage, c'était sur la terre ferme ou plutôt un lit, dans le berceau de mes bras qui la câlinaient.

Etrange comme le chaos et le déséquilibre sont, parfois, des chemins nécessaires pour trouver la sérénité de l’instant parfait.

samedi 3 octobre 2020

J’ai reconnu le bonheur au son qu’il a fait en partant


"J’ai reconnu le bonheur au son qu’il a fait en partant ! "
C'est bon, hein? c'est du Prévert ! ça nous renvoie à notre incapacité à voir le bonheur qui nous entoure, chaque jour, embastillés que nous sommes dans nos croyances et nos émotions. 

J'écris ça parce que ce matin, après avoir fermé les portes de mon donjon pour partir en week-end, laissant une demi-douzaine de vilaines aux fers, nues, exposées et contraintes par des carcans ou des jougs qui leur imposaient l’indécence et une disponibilité totale,  j'ai longé la mer pour profiter du soleil qui se levait.

Et pendant que je marchais sur le sable, je me suis souvenu de Platon, ce petit con qui disait, rejoint plus tard par ce pleutre de Schopenhauer que: Aimer, c’est Désirer et que quand on désire ce qu’on a pas, on éprouve le Manque et par voie de conséquence, on expérimente la Souffrance ! 

Je l’aime, je la désire, je ne l’ai pas, elle me manque, je suis malheureux et donc: je souffre !
What the fuck ?

Et du coup, ces deux pisses-vinaigre, ils en rajoutent pour faire les malins !
ils nous disent que: quand on a ce qu’on désire et bien on ne le désire plus et du coup, on ne l’aime plus et là, on se noie dans les méandres de quoi? je vous le donne dans le mille ! l’Ennui !!! 0_°
What the fuck ? 

Merci les mecs ! 
Alors si je résume la situation quand j’ai pas ce que je désire, je souffre et quand je l’ai, je m’ennuie!
Et bien moi qui marche au désir, on peut dire que je suis mal barré dans mes relations, avec la vision de ces deux rigolos !

Forcément là, j’ai failli me jeter dans les vagues comme un désespéré, pour que la mer m'arrache à l'absurdité du monde. 
Mais comme je devais remplir les gamelles d'eau de mes suppliciées lundi matin, je me suis retenu. Qui s'occuperait d'elles, sinon?

Et là, peut être pour me récompenser de la miséricorde dont je venais de faire preuve, je me suis souvenu de Baruch, le merveilleux ! 
Baruch, lui il nous tire de ce seum absolu en prenant à contre-pied les deux renfrognés ! 
C’est qu’ils sont dangereux ces gars-là ! On les écoute, on finit reclus dans une caverne, les désirs solubles dans l’idée d’un bonheur platonique ! 

Alors qu’est-ce qu’il nous dit Spinoza ? 
Si j'ai bien compris, il nous explique que le désir, c’est pas le manque ! 
Noooooooon, le désir, c’est le moteur de la vie, le désir c’est la puissance et la puissance, c’est le bonheur ! 

Parce que, quand je la désire, quand je désire la voir, la fesser et lui tirer les cheveux , quand je désire la tenir en laisse en lui faisant subir les pires outrages, et bien j’en éprouve une toute puissance, celle d’en jouir ! 
Alors là, quand je dis "d'en jouir", bien-sûr, vous allez m’imaginer grimaçant, la main vissée sur mon sexe disproportionné.
Mais non, je ne parle pas de ça ! (ou pas QUE de ça !).

Quand je l’imagine, en me racontant toutes mes petites histoires, quand je vibre en pensant à elle, je suis heureux, tout simplement.

Et je dois être conscient de ce bonheur, au lieu de me perdre dans la passion et ses émotions qui le tiennent à distance. 
Et là, au lieu de lui dire : « tu me manques », je lui dirai : « je suis heureux de te connaître».

C’est ça ce que Prévert voulait nous rappeler aussi à sa façon. 
Le poète et Spinoza nous rappellent que le bonheur est en nous, qu’il faut savoir le trouver dans le monde tel qu’il est et pas dans le désir d’un monde qui n’existe pas. 

Ben voilà, je trouve que c’est une belle destination, la philosophie de Spinoza ! Même si, il faut bien l’avouer, les concepts de Platon me tenaillent toujours un peu...
Du coup, comme j'étais en joie, je me suis dit que mes suppliciées auraient double ration de coquillettes, lundi ! Petites veinardes !