vendredi 17 octobre 2014

Promenons nous dans les bois


Gare saint Lazare, je la vois surgir des volutes blanches crachées par le monstre métallique qu’elle longe pour venir à ma rencontre. Elle a la démarche d’un ange, lentement elle glisse au milieu de la foule que les wagons viennent de jeter sur le quai.
On ne voit qu’elle et le rouge ostentatoire qui habille sa bouche.
Pourtant, ce petit chaperon rouge s’applique à ne pas attirer l’attention et trahir le pesant secret qu’il balade honteusement sous sa jupe.
Une petite clochette arrimée à une courte chainette pendent du rosebud qui est niché dans l’anneau de ses fesses. Cette clochette se balance à l’extrémité du pan de sa jupe sans qu’on puisse l’apercevoir.
Mais, le visage contrit, Mademoiselle-toute-de-rouge-vêtue est-elle vraiment sûre qu’on ne la voit pas?
Ses dents maltraitent sa lèvre inférieure et, comme un petit animal piégé, ses yeux scrutent ceux des voyageurs qui l’entourent afin d’y trouver la certitude que son secret n’a pas été percé à jour.
Quand elle arrive à ma hauteur, je pose un doigt sur sa bouche, lui saisis fermement la main et l’entraine, entravée par sa clochette qui sonne, à grandes enjambées vers la calèche qui nous emmènera en forêt.


La calèche vient de nous déposer devant chez moi, à la lisière du bois dans lequel j’entraine ma poupée et son précieux grelot.
Elle marche dans la direction que je lui ai indiquée en faisant tinter son entrecuisse dans l’air frais de ma forêt qui l’observe en silence.
Et moi, je la suis de loin, en élaguant à la main une jeune pousse de noisetier.
Je lui dis de stopper devant un chêne centenaire, d’y appuyer les mains en se penchant en avant pour que je la punisse.
Lentement je remonte sa jupe que je roule sur le haut de ses reins en dévoilant le petit pendule qui sonne sans relâche la montée des eaux dans son sexe indécent.
Puis, alors qu'elle maintient gracieusement ses jambes de danseuse en extension sur les pointes, les fesses tendues, je lui envoie une premier coup cinglant avec le bois vert que je viens d'effeuiller.
Elle sursaute et frémit mais, imperceptiblement, son cul obéissant se tend pour que je le zèbre d'avantage...
* * *
J'adore la peinture de la gare St Lazare (1877) par Monet. On se sent happé par la toile dans cette architecture de verre et de métal, fer de lance de modernisme à l'époque de Zola.
On sentirait presque les locomotives nous frôler en rugissant.
Le pavé de chailly (1865) est une toile qui m'a fait l'effet d'une madeleine quand je l'ai vue à Orsay. Je me suis tout de suite retrouvé en forêt avec cette demoiselle qui se promenait dans les bois pendant que le loup y était.   







24 commentaires:

  1. Little Red Riding Hood17 octobre 2014 à 20:19

    Dis donc, ces œuvres sont superbes ! La seconde ramène le petit chaperon à de délicieuses émotions, tandis qu'il joue tranquillement avec son petit grelot, la main, non pas entre ses cuisses, mais dans un grooos paquet de madeleines ;-)

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  2. Ben.... De impressionnisme pour illustrer et un texte qui se parfume de dentelle, on ne se refuse rien chez Monsieur Méchant.

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    1. Monsieur Méchant voit les choses en grand !
      Mike, ou est mon vermot du jour ? le Monet de ma pièce? ;D

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  3. C'est fou le gros tas de ptit chaperons qu'on trouve de nos jours ! Messieurs les loups, à vos marques, prêt, partez ! :D

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    1. 'le gros tas de ptits chaperons'
      L'expression est délicate et imagée.
      Bon va falloir pelleter tout ça ! ou ai-je roulé ma pelle moi... :p

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  4. Un petit grelot m'a tenue bien réveillée une nuit d'autoroute. Merci.

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  5. Corrida: si on s'applique on a les deux papattes et la queue.

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  6. C'est bien la première fois qu'on me dit une chose pareille.

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    1. c'est parce que vous n'avez jamais croisé dans l'arène un taureau qui parle...

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  7. Qui vous parle de taureau.

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  8. Parce que je crois me souvenir qu'il y a dedans une histoire de taureau ou de minotaure qui chute longuement en se tenant les couilles. Des spécialistes en parleraient mieux que moi.

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    1. Je suis désolé de vous apprendre que Minotaure ou pas, il n'était pas le premier et ne saura pas le dernier à chuter lourdement en se tenant les couilles ! mais je ne suis pas spécialiste ! :p

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  9. J'ai cherché sur le net, ne voulant surtout pas relire ce truc que pourtant public docile j'avais trouvé très chiant à l'epoque, et je suis désole de vous apprendre que ce passage qui me semblait pourtant concentrer tout l'interet de l'ouvrage n'aura marqué que moi.
    Vous avez remarqué que souvent in croit chuter alors qu'on s'envole?

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    1. s'envoler en se tenant les couilles, c'est plus rare quand même...

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  10. IL n'y a pas longtemps j'étais dans cette gare, avec des pensées fort peu sages un brin plus romantiques, mais sans grelot :)

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